Air (Luft), Anatol Schuster, 2017

À l’occasion du festival du film LGBT toulousain Des Images Aux Mots, le film Air réalisé par Anatol Schuster, jeune réalisateur allemand, a enfin pu s’offrir une salle française ! Entre le drame et la romance, ce film revisite la thématique du premier amour en racontant l’histoire de deux adolescentes : Manja et Louk. 

Touchant dans son portrait pudique et bienveillant de ses deux héroïnes, Air peine toutefois à susciter l’adhésion entière, à force d’effets de style trop affectés. Curieuse expérience en réalité que celle d’un tel film… J’ai parfois eu le sentiment d’un film “amateur”, à savoir : qui tente, force, souligne, dans des mouvements de caméra, des flous, une bande-originale insistante et des dialogues peu crédibles, jusqu’à perdre de vue la plus simple lisibilité de son intrigue. Et d’autres fois, je suis surprise et conquise par des séquences qui saisissent avec la précision d’une Céline Sciamma la beauté et la mélancolie des émotions adolescentes. Une scène du film de Schuster, notamment, évoque immédiatement Naissance des pieuvres (Céline Sciamma, 2007), tout comme la relation entre Louk et Manja évoque celle de Floriane et Marie : partagée entre (premiers) désirs, admiration et perte de soi. 

En revanche, Air n’a pas la simplicité de l’intrigue de Sciamma et perd, ici en partie, son efficacité dramatique. Entre le coming out of age movie, la romance, puis le road movie, ou encore un film sur le deuil, Air sonne juste dans chacune de ses catégories, mais ne parvient pas totalement à convaincre de son unité et se disperse dans une autre sous-intrigue un peu trop capillotractée. À bien y penser, on se demande si se concentrer sur un angle n’aurait pas fait d’Air le film brillant qu’il aurait pu être. 

Air laisse partagé mais séduit par fulgurances, dans ses moments de plus grande simplicité, dès lors qu’il laisse vivre ses personnages un peu plus fort que son texte, sa bande-originale et ses intentions les plus marquées. Nous avons rarement la chance de découvrir des films LGBT étrangers (non américains) dans les salles françaises, et rien que pour cela merci encore au festival DIAM de nous permettre de voir des films inédits à Toulouse ! 

Listener

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