Blade Runner 2049 – Ring

Photo: IMDB

Blade Runner 2049 était une suite très attendue des fans du premier opus réalisé par Ridley Scott. Il cède ici la place à Denis Villeneuve, devenu un incontournable de la SF de ces dernières années, et se retrouve à la production de ce sequel. Un film qui a divisé dans la rédaction, et c’est aujourd’hui Gonzo Bob et Dolores qui vont s’affronter sur ce film… Accrochez-vous, ça va saigner ! 

Gonzo Bob : L’une des premières choses qui m’ont marqué au sujet de Blade Runner 2049 c’est son rythme très lent et contemplatif, qui prend véritablement le temps d’instaurer et de développer une ambiance, une atmosphère riche et cohérente. En cela il est également le digne successeur du premier volet, qui avait également un rythme très posé. Cela fait plaisir de voir un film « grand public » qui prend ce parti pris-là, qui est d’autant plus rare dans le genre de la science-fiction. C’est un peu la « patte » Denis Villeneuve qu’on avait aperçue, notamment, dans Premier Contact.

Dolores : T’es bien gentil avec ton contemplatif mais pour moi ça a été plus soporifique. C’est un peu comme si Malick, Lars Von Trier dans sa période Mélancholia et Nicolas Winding Refn avaient copulé pour produire ce qu’il y a de plus beau dans le cinéma, mais aussi de plus lent. Alors OK, la contemplation c’est cool, mais t’es obligé de faire un plan de 15 minutes sur des reflets de flotte sur les murs ?

Et le hasard, on en parle du hasard ? Il a l’air de faire bien les choses, surtout avec des ficelles scénaristiques aussi épaisses qu’une sauce cuisinée par Maïté ! Dans ce film, notre cher Gosling trouve tout par hasard : La tombe ? Hop, il y avait une fleur dessus ! Son numéro de série ? Hop, sa copine hologramme le met sur la bonne piste dès le début ! Les souvenirs ? Hop, il trouve la bonne créatrice tout de suite ! Faire un film beau, c’est bien, faire un film riche, c’est mieux ! Tout est déjà vu, déjà entendu et sent le réchauffé dans le scénario du film. Rien de nouveau à se mettre sous la dent, j’suis donc bien restée sur ma faim.

Gonzo Bob : Je t’accorde que le scénario n’est pas folichon, c’est clairement le point faible du film. Mais rien que pour voir Harrison Ford et Ryan Gosling s’envoyer des patates sur fond de stroboscope je le valide ! L’enquête en elle-même, qui est quand même un aspect fondamental de la saga Blade Runner, est assez intéressante pour ne pas perdre le spectateur et offre quelques passages vraiment cool, comme la visite à la déchetterie et ses paysages postindustriels désolés, qui m’ont fait forte impression. Le scénar’ fonctionne un peu comme un prétexte pour nous emmener aux quatre coins de cet univers complexe et sombre, sa facture somme toute assez classique ne nuit pas vraiment au film il me semble.

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Dolores : Et les personnages, on en parle ? Non, parce qu’entre l’hologramme aussi inutile qu’inefficace qui ne sert qu’à confirmer un message putassier ( et tellement classique ! ) sur la dérive des femmes traitées comme des objets sexuels, le groupe d’androïdes rebelles qui fait une apparition éclair juste pour nous raconter des bribes de scénario et Jared Leto qui, décidément, continue à confirmer que sa carrière est sur la pente descendante, on a quand même une belle brochette de personnages qui ne servent à rien !

Gonzo Bob : Je peux pas décemment contredire ça, y a un fond de vérité… Mais d’autres personnages sont assez réussis, comme celui de Ryan Gosling, dont le bashing sur le web m’échappe un peu. Il joue un androïde, c’est donc raccord d’avoir un panel d’émotions très limité et un côté froid et mécanique ! Le personnage de fermier reclu de Dave Bautista croisé au début du film était aussi très intéressant, même s’il est un poil bref et vite expédié. Quant au personnage de Jared Leto, son problème est qu’il est sous-écrit et sous-utilisé, on a l’impression d’avoir juste à faire à un bad guy générique, un énième méchant prétentieux et tout vilain qui se prend pour un dieu à coups de maximes pseudo-intelligentes. Mais au vu de son impact global sur le développement de l’histoire, on peut facilement en faire abstraction, pour peu qu’on considère que l’antagoniste principal est Luv, son bras droit.

Dolores : Alors oui, le film est beau, magnifique même, mais il a la subtilité d’une blague de Bigard sur les femmes ! À chaque fois que le film utilise un symbole visuel pour appuyer un message de fond ou un élément de scénario, une tonne de musique, un gros plan, ainsi qu’un ralenti viennent souligner le fait que « Olalala attention spectateur, quelque chose d’important est en train de se passer maintenant ! ». Ça va je crois que les jeux vidéos sont assez scriptés comme ça, j’ai pas envie que le cinéma que je consomme le devienne aussi ! J’ai eu la sensation d’être prise pour une conne, comme si j’étais incapable de comprendre ce qui se passait à l’écran. 

Gonzo Bob : Le premier Blade Runner ne manquait pas non plus de symboles grandiloquents. Sa subtilité est cependant enrobée dans ces indices intrusifs, si je puis dire : la musique de Joi est certes martelée mais les moments auxquels elle apparaît et le choix de la musique justement, Pierre et le Loup en l’occurrence, nous font poser plus de questions que de réponses.

Dolores : Ce qui me gène le plus, je crois, c’est que ce film se la pète grave…. Alors qu’il n’a pas vraiment de quoi. Si on enlève sa mise en scène, l’histoire est on ne peut plus classique, et ses propos sur la transhumanité, sur les dérives de la technologie, sur les nouveaux modes de communication qui enferment plus qu’ils ne libèrent, sur le pouvoir mis aux mains de l’aristocratie, tous ces propos sont déjà vus. Alors certes, il le fait bien et plutôt efficacement, mais avec si peu de modestie que j’ai la sensation de voir un enfant qui aurait réussi à faire une multiplication pour la première fois en train de donner des leçons de maths à Einstein. Et pourtant, Villeneuve sait y faire d’habitude, et son Premier Contact a largement apporté plus à la SF que cette suite de Blade Runner. Une main mise de Ridley Scott à la prod’, peut-être, qui a trop voulu mettre de sa patte dans le projet ? Vu l’échec de ses dernières réalisations personnelles, ça ne m’étonnerait pas que tous les mauvais points du film ne soient dûs qu’à lui !

Gonzo Bob : T’as quand même la dent dure je trouve, Blade Runner 2049 ne révolutionne pas le genre de la SF, mais était-ce son but ? Je trouve au contraire qu’il remplit parfaitement sa mission en tant que suite du premier volet, sans tomber dans l’écueil du mimétisme forcé. Villeneuve a réussi son pari en réalisant un bon film qui tient la route en tant que tel, même s’il souffre forcément de la comparaison avec son aîné, qui est tout simplement l’un des meilleurs films de SF de tous les temps. Par rapport à une potentielle ingérence de Ridley Scott c’est ce qui me faisait peur avant d’aller voir le film, mais j’ai l’impression que Villeneuve a vraiment eu les coudées franches et la liberté de faire le Blade Runner qu’il voulait, plutôt que celui que voulait Scott. On retrouve vraiment son identité visuelle et il me semble avoir lu que Ridley Scott avait justement lâché un peu son « bébé » pour ne pas trop empiéter sur les plates-bandes du réalisateur qu’il avait personnellement choisi pour donner vie à la suite de son chef-d’oeuvre de 1982. C’est plutôt de bon augure en attendant Dune, la prochaine réalisation de Denis Villeneuve, autre œuvre mythique du patrimoine du cinéma de science-fiction que le Canadien tentera de dépoussiérer à l’horizon 2019.

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